Un jour d'hiver pluvieux de 1985, Amina et Farid ont quitté leur maison du quartier de Beydoun à Beyrouth pour le quartier voisin d'Ain al-Rummaneh, en direction du professeur Burgess, un expert en matériel d'enregistrement. Seul Burgess est capable de sauvegarder cette vieille cassette, la dernière chose qui leur restait de la maison de montagne après le déplacement. Si Amina avait eu connaissance des événements étranges qu’elle et son mari allaient rencontrer ce jour-là dans l’immeuble du réformateur, elle se serait certainement abstenue de se lancer dans ce voyage. Si Farid n'avait pas été aussi déterminé à préserver les voix de ses proches et voisins perdus dans la fièvre des tueries et des massacres, il n'aurait pas été patient face à l'obscurité effrayante des escaliers. L'obscurité totale efface les visages d'aujourd'hui et révèle à travers elle les ombres de ceux qui ont disparu il y a des années, qu'ils soient vivants ou morts, humains ou démons. (Couverture Souple)
يوم شتائيٍ ماطر من العام 1985 غادر كلٌ من أمينة وفريد مسكنهما في حي بيضون في بيروت إلى منطقة عين الرمّانة القريبة قاصدَين المعلّم برجيس، خبير أجهزة التّسجيل الماهر. وحده برجيس قادر على إنقاذ ذلك الشّريط القديم، آخر ما تبقّى لهما من بيت الجبل بعد التهجير. لو كانت أمينة على علمٍ بما ستُصادفه مع زوجها من أحداث غريبة في بناية المصلّح يومذاك، لامتنعت حتمًا عن خوض غمار هذا المشوار. ولو لم يكن فريد مُتشبثًا بالحفاظ على أصوات من فُقد من الأقارب والجيران في حمّى القتل والمذابح، لما صبر على ظلمة الدّرج المُخيفة. ظلمة دامسة تمحو وجوه اليوم ومن خلالها تنكشف أطياف من اختفى أثره قبل سنوات، حيًا كان أو ميتًا، آدميًا أو عفريتًا.